Hajime ! Le combat commence. Un combat non pas face à un adversaire, mais avec un partenaire. Celui d’aujourd'hui est le judoka francophone au palmarès le plus garni de l’histoire belge. Cédric Taymans donne cours de judo dans son club de l’Inter Gembloux-Wavre (IGW). Au cours de sa carrière, le quadruple champion de Belgique est passé du statut d’athlète à celui de sensei.
Colleen Tordeur
Dès le milieu des années 1990, un jeune Ottintois salue. Puis, il monte sur le tatami pour dominer le judo belge pendant plus d’une décennie. Le poids super-léger surprend avec une garde à gauche qui déstabilise les droitiers qui se trouvent sur son chemin. On pourrait le comparer à un Jack Russel : pas très grand certes, mais doté d’une vivacité hors norme. Les pieds bien ancrés dans le tapis et la tête sur les épaules, Cédric Taymans a su tirer son épingle du jeu à une époque où l’avenir du judo wallon était bien moins brillant qu’aujourd’hui.
Alors que certains raccrochent les crampons, l’ancien champion de 42 ans, lui, n’a jamais quitté les tatamis. Aujourd’hui, c’est en tant qu’entraîneur et directeur technique de la Fédération francophone belge de judo (FFBJ) qu’il enfile son judogi. Le passé doré de l’ancienne élite olympique inspire plus d’un jeune : vice-champion d’Europe en 1999 et du monde en 2001, dans la catégorie des moins de 60 kilos. Du haut de son mètre 69, Cédric Taymans est un grand monsieur du judo en Belgique. Il force le respect de la relève de judokas belges francophones. Charline Van Snick, Toma Nikiforov, Joachim Bottieau, Gabriella Willems, … Tous écoutent attentivement et appliquent ses conseils. S’il est encore trop jeune pour être le père de ces sportifs wallons, il joue le rôle du grand frère des espoirs du judo belge. Celui dont certains disent que son expertise n’a d’égal que sa modestie, a réussi à former une réelle équipe nationale dans un sport individuel.
« En tant que directeur technique, mon objectif est d’offrir aux judokas ce qui m’a manqué quand moi j’étais athlète. »
Quand il était à leur place, Cédric Taymans n’avait pas de « coéquipiers » avec qui s’entraîner. Il avoue s’être senti très seul lors de ses nombreuses séances de préparation à l’intérieur et en dehors des dojos. D’où l’idée de construire un véritable esprit d’équipe.
Depuis son arrivée à la tête de la cellule sportive de la FFBJ, Cédric Taymans et ses poulains enchaînent les bons résultats. Une médaille de bronze pour Charline Van Snick aux Jeux olympiques de Londres en 2012. L’argent de Toma Nikiforov en toutes catégories, l’année dernière aux Championnats du monde. Des résultats qu’on peut attribuer en partie à leur directeur sportif. L’homme a beau avoir quitté le circuit, son esprit compétitif prime toujours dans ses entraînements. Même si, « la défaite fait partie de l’éducation d’un athlète », comme aime le rappeler Cédric.
Plus de 10 ans après son dernier tournoi professionnel, le judoka brabançon n’a rien perdu de sa technique. Le jeune retraité la transmet maintenant à la nouvelle génération. Il partage son temps et son savoir entre les jeunes qui répètent leurs gammes et les meilleurs espoirs du judo belge, qui préparent leurs prochains championnats et tournois. Chaque année, le stage international de judo Cédric Taymans accueille environ 180 jeunes judokas espérant améliorer leur technique. Il faut dire que les entraînements « Made in Taymans » sont prisés au-delà de nos frontières. Le regard porté sur les détails, voilà la clé du progrès.
Avec les années, il a acquis un côté de plus en plus pédagogique. Son expérience de papa de quatre enfants l’a poussé à apprendre aux élèves des écoles primaires du Brabant wallon à « tomber sans se faire mal » grâce aux techniques de la « voie de la souplesse ». Les chutes enseignées au judo permettent d’éviter les accidents de cour de récré.
Le judo, bien plus qu’un sport pour Cédric Taymans, un credo. Le judoka aura réussi à faire de sa passion, son métier et une partie intégrante de sa vie. Matte !
Colleen Tordeur
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