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La résistance féminine contre l'occupant nazi

Dernière mise à jour : 8 févr. 2019

Les louves s’occupent de leur tanière lorsque les loups partent à la chasse. L’analogie était

toute trouvée et dessinée par Flore Balthazar, pour les femmes de la Louvière. En 1940,

alors que les hommes rejoignaient le front, les Louves s’occupaient de leur meute.


Colleen Tordeur


L’auteure transforme les patries en meutes de loups pour prendre du recul sur la situation globale. © Flore Balthazar, Les Louves, Aire Dupuis

La bande-dessinée raconte de manière réaliste et touchante le quotidien de familles belges sous l’occupation nazie. Flore Balthazar y retrace l’histoire de sa famille à travers les souvenirs de sa grand-tante, Marcelle. À 15 ans, elle voit son père partir à la guerre. Elle doit pourtant continuer à vivre normalement. Le parcours d’une autre femme entrecoupe le destin de la jeune fille. Marguerite Clauwaerts, institutrice, s’engage dans un journal d’opposition. Les portraits de ces deux « bonnes femmes » rythment la lecture de la première à la dernière page.


On pourrait s’attendre à un récit lourd vu le sujet. La réalité est toute autre. Lors de la lecture, on ne sent pas la guerre arriver. Au début, elle est encore lointaine, presque abstraite. Au fil des pages, elle s’impose et change la vie des Louviérois. Tout s’accélère à mesure que les bottines allemandes frappent les pavés.


Collaborer ou s’opposer ? Se cacher ou prendre des risques ? Vivre ou survivre ? De nombreuses questions se posent dans ce one-shot paru chez Dupuis. Un désir de liberté naît dans le cœur des Louves et offre une lueur d’espoir aux jeunes lectrices. Tenir le coup pendant cinq ans. Un défi de taille pour Marguerite, Marcelle et toutes les autres. Durant ces cinq ans, les lecteurs observent les héroïnes évoluer en même temps que leur place dans la société. Elles plaisanteront d’obtenir le droit de vote grâce à leur effort de guerre. Un petit clin d’œil de Flore Balthazar à toutes les féministes.



⭐️⭐️⭐️⭐️

Le découpage de la BD offre des anecdotes séparées les unes des autres. Comme l’assemblage d’un puzzle, chaque pièce d’histoire permet de s’imaginer la vie sous l’occupation. Raconter la Seconde Guerre mondiale en 200 pages oblige l’autrice à survoler quelques événements. Le lecteur, frustré par le manque de détails ou d’approfondissements, trouvera son bonheur dans l’épilogue plus historique de l’œuvre.


Les Wallons apprécieront les quelques références et expressions en patois : « Astons d’allé », « Tiesses di quette !». Le trait de crayon épuré et les couleurs pastel laissent place à un récit vibrant dans lequel tous les Belges pourront se reconnaître. Un manque de mouvement se déplore, par contre, dans le dessin des actions les plus rapides.

Dans l’ensemble, Les Louves rend hommage à une époque difficile par un devoir de mémoire émouvant. Pour son premier essai au scénario, Flore Balthazar réussit à montrer le quotidien dans ce qu’il a de plus beau : les moments de joie, de peine, de courage, de peur et de soulagement. Ce récit rassembleur fait partie de la collection Aire Libre.


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